Netanyahou poussé vers la sortie par la droite religieuse

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Le principal parti de droite nationale-religieuse a accepté dimanche de s’allier au centre-gauche pour former un gouvernement « de changement » sans Benjamin Netanyahou

Tout sauf « Bibi ». Cette vieille devise des opposants à Netanyahou, la droite religieuse a fait sensation en l’adoptant publiquement dimanche en Israël. Le parti religieux sioniste Yamina a ainsi annoncé dans l’après-midi qu’il rejoignait le bloc du « changement » mené par le centriste Yaïr Lapid. En fait de bloc, un patchwork idéologique étonnant, des islamistes du parti Raam à la gauche historique travailliste en passant par les colons religieux rêvant du grand Israël. Des hommes et des femmes qui n’ont que deux objectifs communs : permettre à leurs concitoyens d’échapper à une éreintante cinquième élection et surtout, évincer Netanyahou. Au sein de la droite, quatre « Brutus » mènent la charge contre le Premier ministre : Neftali Bennett, Ayelet Shaked, Gideon Sa’ar et Avigdor Lieberman. Chacun est passé à un moment ou un autre par le Likoud, est devenu ministre sous Netanyahou et le déteste à titre personnel.

Le chef du parti Yamina Neftali Bennett, cinq fonctions ministérielles à son actif, est un quinquagénaire d’origine américaine au talent certain pour la création de start-ups et de colonies en Cisjordanie. Il a été qualifié de « petit roquet » par Netanyahou qui a tout fait pour briser sa réputation peu avant les élections de 2013, n’hésitant pas à s’attaquer à sa femme et à son père comme l’a révélé le dernier volet de son procès début mai. Ayelet Shaked est la numéro deux de Yamina : c’est grâce à son assentiment que le parti a pu annoncer dimanche qu’il intégrait la coalition. Ministre de la Justice pendant quatre ans sous Netanyahou, elle l’a accusé publiquement d’être un « tyran assoiffé de pouvoir ». Chef du parti « Nouvel Espoir », Gideon Saar a lui été pendant des années le soutien loyal du Premier ministre et un pilier historique du Likoud avant de tourner casquette avec fracas, dénonçant la personnification du pouvoir à laquelle se livre selon lui Benjamin Netanyahou. Il y a enfin le chef de « Israël est notre foyer » Avigdor Lieberman, un ancien videur de boîtes de nuit russophone qui a beaucoup compté au sein du Likoud avant de se fâcher avec le Premier ministre autour de la conscription des juifs ultra-orthodoxes.

Un règlement de comptes à quatre contre un, mais Netanyahou n’a pas tiré sa dernière flèche. La procédure lui permet encore des espoirs. Lundi, le centriste Yaïr Lapid annoncera officiellement au président Rivlin qu’il a obtenu le soutien de 61 députés du Parlement. Cela ouvre une période d’une semaine pour que sa proposition de gouvernement soit approuvée par le Parlement. « Une semaine ici, c’est comme un an ailleurs », souligne l’analyste politique Gayil Talshir. Mille choses peuvent se produire alors que les députés de la droite sont soumis à une pression extrême – menacé de mort, Neftali Bennett est sous protection policière. « Les élus peuvent changer d’avis, s’écharper sur l’adoption du budget qui a fait capoter plus d’un gouvernement, la situation sécuritaire dégénérer… La semaine qui vient s’annonce fascinante », conclut Gayil Talshir.