Bethléem dans la ferveur de la fête

Vue d'un des districts de Bethléem. Photo: IStock archives
Comme chaque année, le berceau de la Nativité se prépare à célébrer la naissance du plus illustre de ses concitoyens: Jésus-Christ. Reportage dans une ville où Noël est un immense sujet de fierté.
Cela fait depuis la fin du mois de novembre déjà que Bethléem célèbre, dans la ferveur générale «sa» fête: l’ouverture du marché de Noël sur la place principale de la ville a attiré des dizaines d’habitants du coin venus admirer les spécialités locales qui font la renommée de Bethléem au-delà des murs et des frontières: les crèches, santons et autres ornements en bois d’olivier sculptés par les artisans locaux.
Sur fond de mur et de crise économique
De nombreux touristes étrangers étaient également de la partie. Car malgré la crise économique et une fréquentation qui, selon Naser, un guide de la région, a baissé de deux tiers par rapport à l’année 2008, la basilique de la Nativité, où serait né le Christ, attire toujours au moins un demi-million d’étrangers en cette fin d’année. De quoi assurer les fins de mois des Palestiniens travaillant dans le tourisme? «La situation est toujours difficile», soupire Nasser. «Vous savez, le mur de séparation construit par les Israéliens continue de nous couper du reste du monde. Cela décourage les touristes.» Et le guide d’ajouter que malgré tout, c’est bien la crise économique qui est à l’origine de cette baisse de fréquentation. La ville du Christ n’a pas été épargnée par les erreurs des traders à la Bourse de Londres ou de New York…
Ce climat économique morose n’empêchera pas la famille Rishmawi, des Palestiniens chrétiens habitant Beit Sahour, non loin de Bethléem, de célébrer la fête. Rula et William ainsi que leurs trois enfants Catherine, Michel et Mathieu assisteront aux processions et accueilleront le 6 janvier – ils sont orthodoxes – toute la famille pour un très grand repas. En attendant, les Rishmawi profitent du spectacle des préparatifs. Et à Bethléem, il y a de quoi faire: le maire, Victor Batarse, s’est assuré que tout un chacun trouvera son compte dans les événements organisés à cette occasion. «Vous devriez voir notre ville, elle est magnifique. Les festivités ont commencé il y a près d’un mois. Nous avons de tout ici. Des concerts ont lieu dans les écoles et sur les places publiques avec des chœurs palestiniens et internationaux. Les églises locales organisent des cours et des conférences sur le sens de Noël, tout le monde se réjouit de cette belle fête.»
Elle est aussi l’occasion, dans une ville touchée humainement et économiquement par le conflit avec Israël et les restrictions, de parler de paix et de progrès. La troisième conférence internationale sur ces deux thématiques a eu lieu la semaine dernière. Histoire d’essayer de mettre en œuvre les paroles d’un célèbre concitoyen sur une paix si hasardeuse en cette région du monde chaotique.
Mahmoud Abbas allume le sapin
En attendant, la place Manger Square, juste en face de la basilique de la Nativité, s’est parée de ses plus beaux atours pour accueillir les fidèles. Un immense sapin a été dressé au milieu de la place, dont les bougies ont été allumées par un représentant du président de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine, l’autorité légale palestinienne), Mahmoud Abbas. Noël est donc aussi l’occasion de réunir les dirigeants palestiniens qui, le temps d’une célébration, oublient les divergences politiques et religieuses.
Le 24 décembre, tout le gratin politique et religieux palestinien se réunira dans la basilique de la Nativité pour la messe de minuit, au milieu des chants de chœurs venus du monde entier et peu avant des processions du Patriarcat latin. C’est donc au milieu de la nuit palestinienne que se clora le mois le plus important de l’année pour Bethléem. Le message d’amour et de paix que veut apporter la ville au monde, lui, continuera d’être transmis bien après cette nuit magique de la nativité.